Ébaudi aux heures légères de mes rires blets devant le marchand resquillés de p’tit nègres
je guette cette foule qui ne sait faire foule
cette horde sans ordre
et qui, dans un élan furibond
vomit ses fatigues et meurtrissures
sur la plage de leurs songes, où l’eau se pare d’une noirceur abyssale
comme une mer sans fin, et le sable s’orne d’un rouge sanguin
s’étend sur les solives de ce corps marginé,
empoussiéré et voilé par des toiles d’araignées et des voiles négriers
Ce corps de mots
ce corps qui se cherche et se perd
percé et transpercé sur les poutres de la terrasse en bord de mer
avec vue sur le littoral colonial
quémande encore l’approbation d’un regard qui ne viendra jamais
fondu en noir
je guette cette foule qui ne sait faire foule
cette horde sans ordre
et qui, dans un élan furibond
vomit ses fatigues et meurtrissures
sur la plage de leurs songes, où l’eau se pare d’une noirceur abyssale
comme une mer sans fin, et le sable s’orne d’un rouge sanguin
s’étend sur les solives de ce corps marginé,
empoussiéré et voilé par des toiles d’araignées et des voiles négriers
Ce corps de mots
ce corps qui se cherche et se perd
percé et transpercé sur les poutres de la terrasse en bord de mer
avec vue sur le littoral colonial
quémande encore l’approbation d’un regard qui ne viendra jamais
fondu en noir
Mémoire béate comme une rivière de suie sous les ongles.
Fondu en noir.
Consentement muet à la soumission, consentement liquide, une mer sans fond, sans bords, dont l’horizon ne se voit plus. Moi, ce corps dont l’identité éclatée en mille morceaux sur ces routes grises, ces ruelles délavées par des siècles de silence, a jailli comme une panthère noire, noire de la nuit, noire comme un chwal de bois, égarée sur la poussière d’une plantation blanche où même les ombres se taisent.
J’ai été abusé par les miroirs fables de Fernand Nathan, miroirs brisés, miroirs de verre sale, miroirs de fatras de mots, comme des corps de mots qui se dissolvent dans la poussière des heures mortes, des heures qui ne connaissent plus le nom du temps, et comme des corps de mots empoussiéré par les cendres d’une brûlure oubliée dans le ventre d’un esclave qui ne reconnaît plus son nom.
J’ai été abusé par les pourboires de la poussière, pourboires donnés à la bouche d’un vent morgue de silence engloutie dans la chair des pendules, pourboires en morceaux de glace brisé, gravés sur la peau d’un chwal qui chute dans l’ombre d’une horloge sans aiguilles, où les heures glissent comme des couleuvres en cire fondue.
Le temps tombe en éclats, se tord dans la prunelle d’un souvenir trop lourd pour la mémoire, trop lourd pour le monde.
Pourboires jetés dans les squelettes des syllabes, son de frisson vocal sans bouche, bouches sans voix, la langue noyée dans une eau d’échos vides, où chaque mot pèse mille tonnes d’oubli, de sables, de cendres.
la dramaturgie est la revelation d’une respiration qui flotte entre ombre et clarté
un son de frisson qui émerge à la lisière de l’invisible
un son de frisson qui émerge à la lisière de l’invisible
un instant où le monde se tait pour prêter l’oreille à la vérité intrinsèque d’un moment de vie
elle est ce murmure que l’on devine dans la peau des mots, ce fil serré qui relie l’aiguille du cri à la colline des voix basses
elle se coud dans l’intervalle des regards, comme une pupille suspendue au destin
le fil tendu entre deux inconnus qui se découvrent dans l’instant partagé de l’histoire qui les unit
la dramaturgie, c’est l’art de suspendre le temps, d’ouvrir une brèche dans la trame du réel
et laisser affleurer ce qui d’ordinaire se silence
elle est ce murmure que l’on devine dans la peau des mots, ce fil serré qui relie l’aiguille du cri à la colline des voix basses
elle se coud dans l’intervalle des regards, comme une pupille suspendue au destin
le fil tendu entre deux inconnus qui se découvrent dans l’instant partagé de l’histoire qui les unit
la dramaturgie, c’est l’art de suspendre le temps, d’ouvrir une brèche dans la trame du réel
et laisser affleurer ce qui d’ordinaire se silence
______________________________________________________________________________________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________
18-22 november 2024 ⸺ Garage CCNRB, Rennes
10-14 december 2024 ⸺ Garage CCNRB, Rennes
20-24 january 2025 ⸺ La Balise, Lorient
10-14 february 2025 ⸺ CCNT, Tours
26 may - 05 june 2025 ⸺ Garage CCNRB, Rennes
8-12 september 2025 ⸺ Garage CCNRB, Rennes
13-23 october 2025 ⸺ Garage CCNRB, Rennes
03-14 november 2025 ⸺ Garage CCNRB, Rennes
PREMIÈRES
Second semester of 2025
AUTOTHERAPIE / UNBOLTING COLONIAL STATUES FROM OUR CONSCIOUSNESS
"Words and gestures are the builders or the demolishers of worlds."
Through the power of words and the precision of gestures, Mackenzy Bergile breaks the chains that stand against oblivion in order to repair the tragic stories whose endings remain unfinished, suspended in the void of forgetfulness.